Jean-Louis SCHLIENGER, Strasbourg

Jiao Y et al. A systematic review: Cost-effectiveness of continuous glucose monitoring compared to self-monitoring of blood glucose in type 1 diabetes. Endocrinol Diab Metab 2022 ; 5 : e369.

La surveillance continue de la glycémie (CGM) s’est imposée comme un outil permettant l’amélioration de la gestion du diabète de type 1 et la réduction du risque d’épisodes d’hypoglycémie. Toutefois son coût constitue un frein à une application généralisée.

L’objectif de cette étude australienne est de définir le rapport coût/efficacité (RCE) de la CGM par rapport à l’autosurveillance glycémique (ASG). Dix-neuf études publiées entre 2010 et 2022 provenant de 11 pays ont été sélectionnées dans cette revue systématique, dont la plupart ont comparé la perfusion sous-cutanée continue d’insuline (CSII) et l’ASG à une pompe à insuline reliée à un capteur de la glycémie. Dans quelques études des sous-groupes de patients caractérisés par un risque élevé d’hypoglycémie, un taux d’HbA1c < 7 % ou un âge > 25 ans ont été plus particulièrement explorés. L’évaluation s’est fondée d’une part sur l’outil CORE qui modélise l’histoire naturelle du diabète en prédisant les événements cliniques susceptibles de compliquer l’état clinique et, d’autre part, le coût par QALY (dépense nécessaire pour gagner l’équivalent d’une année de vie en bonne santé ajustée sur la qualité de vie).

Les 7 études ayant comparé la CSII à la CGM par capteur ont rapporté un gain de QALY de l’ordre de 0,76 à 2,99 et un RCE de l’ordre de 18 734 à 99 941 dollars australiens attribuables à la CGM. En fait, des gains de QALY et de RCE ont été obtenus quelles que soient les modalités d’administration de l’insuline servant de comparateurs à la GCM. Le RCE était plus faible chez les patients dont la prise en charge était sous-optimale ou dont le risque hypoglycémique était élevé. La CGM apparaissait rentable dans les études évaluant les injections quotidiennes multiples d’insuline (n = 4), l’autosurveillance (n = 2) par rapport aux systèmes hybrides en boucle fermée (n = 3).

Les résultats de cette revue systématique confirment que la mise en œuvre de la CGM est une stratégie rentable dans le DT1 puisqu’elle réduit l’incidence de survenue ou d’aggravation des complications chroniques du DT1 ainsi que la fréquence et la durée des épisodes hypoglycémiques. L’amélioration rapide des indicateurs du contrôle glycémique sous CGM ainsi que le développement continu des techniques permettent d’espérer une réduction substantielle des coûts d’utilisation et une précision accrue de la CGM se traduisant par de meilleurs résultats cliniques. L’estimation du gain de santé et des coûts induits au moyen d’un ratio coût-efficacité est à confronter au seuil d’acceptabilité du coût des nouvelles technologies (défini par le NICE – National Institute for Health and Care Excellence – depuis 2000). Selon les données de cette étude systématique la CGM justifie d’être généralisée en regard du seuil d’acceptabilité des pays développés comme l’Australie ou la France.